Voyages

Londres – Un itinéraire dans l’éphémère

L’éphémère

En écoutant London Calling et en errant dans une ville avec tellement d’histoire artistique et humaine, je ne peux m’arrêter de penser à tous ceux qui ont existé et qui n’ont laissé aucune trace dans la mémoire collective. Combien de gens dans l’anonymat ont fait des choses extraordinaires? Combien d’hommes ne seraient jamais rien devenus sans leur femme derrière eux? Est-ce possible d’honorer toutes ces personnes dans l’ombre? «Rendre à César ce qui est à César».

C’est pour ça que l’art urbain m’interpelle autant.

Les artistes de rue changent la face du monde à leur façon en y incorporant à coup de bombes aérosol, de pinceaux, de rouleaux et d’autocollants, leur vision de ce qui est important pour eux. Ils sont les gardiens de ce qui ne tourne pas rond sur notre planète. Ce sont des enseignants qui nous rappellent de ne pas se prendre au sérieux en revendiquant une justice sociale ou politique, et ce, sans nous faire la morale. Pourtant, leurs messages et leurs arts sont comme nous, voués à retourner en poussière.

Leurs créations seront-elles mort-nées ou pourront-elles supporter le fardeau de la vieillesse?


Sur les traces de Banksy

Le matin de mon dernier jour à Londres, la première chose dont j’avais envie après avoir mis le pied hors du lit, est de prendre un bon cappuccino. Sans idées et sans plans, je pars de mon auberge de jeunesse à la recherche de ma dose quotidienne de caféine. Il était tôt en ce dimanche et les options n’étaient pas légion. En marchant, j’arrive face à ce petit café de 3e vague du nom de flow coffee dont la façade représente, un jeune garçon en pochoir monochrome qui verse dans une tasse de carton un breuvage jaune. L’odeur des grains fraîchement torréfiés m’avait déjà conquis, bien avant ce que mes yeux curieux ne soient attirés vers l’intérieur de ce lieu.

Avec la signature particulière de cette façade, il fut facile pour moi de reconnaitre le clin d’œil mis en place par les propriétaires de l’endroit. Je me suis souvenu alors d’avoir lu sur Wikipédia que Banksy était probablement Britannique. J’ai profité de mon délicieux breuvage pour faire une recherche à savoir s’il y avait encore de ses œuvres originales dans la ville royale.

J’ai donc décidé encore une fois de me perdre volontairement en ayant comme seule constellation que les étoiles qui marquent les vestiges de cet artiste iconique. Elles seront le guide de mon chemin pour la journée.


Premier arrêt Banksy’s Boy Fishing

Une œuvre qui n’a l’air de rien et que personne ne regarde. Un garçon presque invisible qui pêche sur un fond fade et gris d’un banal mur de béton.

Non loin de là, près du rempart, j’aperçois une femme qui prend une photo du «Tower Bridge». Curieux de nature, je vais la voir et lui demande si elle est touriste, ce qu’elle me répond par la négative. Elle adore ce pont et c’est pourquoi elle le pose parfois.

Je l’informe qu’il y a un Banksy original à 2 mètres d’elle. Elle fut extrêmement surprise, car elle affectionne l’artiste et qu’elle passe devant cet endroit tous les matins sans le savoir et sans jamais l’avoir remarqué.

Ce que j’aime le plus lorsque j’erre et vagabonde, c’est de découvrir à pied des lieux que même les locaux ne connaissent pas.

Me créer un itinéraire sur mes envies du moment et surtout ne pas avoir peur de déroger de mon propre chemin et de mes plans en les détruisant. Me fier à mon intuition et me laisser surprendre par l’inconnu et l’inconfort temporaire. La gratification est toujours grande après coup et petit à petit je remplace ma rigidité à une plus vaste ouverture globale.


Ce parcours a occupé une grosse partie de ma journée. Quelques œuvres n’existaient plus, mais le but n’était pas la destination, mais le voyage, car en me rendant, j’ai déniché tellement de perles qu’on voit peut dans les livres ainsi que sur internet : des sourires francs, des odeurs locales, des sons qui changent du «blabla» des touristes et du vrai monde dans leur quotidien.


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