France – Le poids de la liberté aka Compostelle 2.0
En cherchant constamment à s’optimiser et à apprendre à se délester du superflu, on peut finir par dépenser beaucoup de temps, d’argent et d’énergie.
L’amour de la marche
Bien que voyager en Europe soit devenu presque naturel pour moi, une sorte de mode de vie, je n’ai pas encore trouvé de formule magique qui s’applique à tous les voyages.
Même si j’ai une préférence pour voyager léger, avec presque rien dans mon sac à dos, certains cas nécessitent plus de réflexion que d’autres. Surtout lorsqu’il s’agit d’un voyage très spécifique, comme celui illustré sur la photo de mon sac à dos.
J’adore marcher!
Tant que je suis en mouvement, je suis vivant. La marche est essentielle pour ma santé mentale, et c’est un moyen de rester connecté au monde sans avoir besoin d’un écran. Même si parfois, face au soleil intense, je dois me battre contre les rayons UV avec mon écran 5G.
Le temps que je passe à mettre un pied devant l’autre en plein air m’empêche de m’asseoir sans rien faire, absorbé par la télévision et les futilités de mon mur de lamentations virtuel.
Avril 2023
Au début d’avril, après une fin de semaine de formations sur la marche afghane, je me replonge dans les sensations que j’ai ressenties lors de mon voyage à pied pendant la Covid19, sur le chemin de Compostelle au Portugal (voir l’article ici).
Le souvenir d’être seul, tôt le matin, dans le silence, entouré d’arbres réconfortants, sous un ciel infini éclairé par les dernières étoiles avant l’aube. Des choses que l’environnement visuel de ma ville (Montréal) ne me permettait jamais d’apprécier.
Mon instinct de défi m’incite à remarquer que :
- J’ai déjà tout l’équipement nécessaire pour Compostelle, car je l’ai déjà fait et tout attend sagement d’être ressorti de sous mon lit.
- Mon passeport est à jour.
- J’ai des points sur ma carte de crédit, donc mon billet d’avion ne devrait pas me coûter trop cher.
- En début de saison, il n’y a pas encore trop de touristes, ce qui me permettra d’être en paix sur le chemin.
- Le coût de la vie sur le chemin n’est pas trop élevé, et si je pars pour deux mois, l’économie réalisée par rapport à mes dépenses habituelles ici me rendra plus riche à mon retour.
Il n’en faut pas beaucoup plus pour me convaincre. Je sais que je suis assez facile à convaincre quand il s’agit de voyager.
Le Plan
Je décide donc de partir pour un minimum d’un mois sur le chemin de Compostelle en partant de Puy-en-Velay, pour un périple total d’environ 2000 km si je fais les deux parties.
Le fait que mon ami français, Alex, ait des vacances en même temps que moi, a également contribué à me convaincre que ce projet un peu fou et décidé à la dernière minute était réalisable. Ainsi, je pourrai combiner mon besoin d’être seul et d’accomplissement avec celui de revoir mon vieil ami français que j’ai rencontré il y a 16 ans lors de mon deuxième voyage solo à Montpellier.
L’idée était que je commence à marcher pendant une semaine, puis qu’Alex me rejoigne quelque part pour au moins deux semaines, ce qui me permettrait d’avoir presque terminé la première partie du chemin à la fin d’un mois environ.
La planification
Comme je prévoyais de marcher au moins 1000 km sur un chemin où les hébergements sont limités, ma plus grande crainte était de me retrouver, à la fin d’une longue journée de marche de plus de 25 km, sans aucun endroit où dormir. Les options d’hébergement sont rares dans les petits villages espacés que nous traverserons.
Pour me sécuriser, j’ai acheté une mini-tente 1 place et un matelas de sol super confortable, mais qui était également très cher. Tout ce nouvel équipement ne rentrait plus dans le sac que j’avais auparavant, donc j’ai investi dans un sac à dos un peu plus grand pour être à l’aise et avoir la liberté de dormir dehors si nécessaire. Je voulais toujours avoir le choix.
Sac plus grand = Plus d’inutiles
Je me suis alors mis à penser aux autres choses dont j’aurais besoin si je campe :
- Une gamelle
- Un réchaud
- Une tasse
- Une bonbonne de gaz
- Des cordes
- Un sac de couchage
Chaque élément ajoutait du poids à mon dos. Je me disais que même si c’était plus lourd, mon nouveau sac (plus grand) avait une meilleure structure, donc mon dos supporterait mieux le poids supplémentaire.
Il existe une règle tacite de poids idéal d’un sac: « 10 % de votre poids en kilos ».
16 kilos (35 livres) sans eau ni nourriture
Il est vrai que j’avais pris quelques kilos supplémentaires au cours de la dernière année, donc théoriquement, je pouvais porter plus de poids sur mon dos. Cependant, j’avais oublié l’impact de ce surplus sur mes pauvres chevilles.
La notion de plaisir
Il est primordial pour moi qu’il y ait du plaisir dans tout ce que je fais. Les premiers jours furent pénibles, je n’arrivais pas à avancer à la vitesse nécessaire pour rejoindre mon ami dans les sept jours suivant notre point de rencontre.
Le temps n’a pas arrangé les choses, car la fatigue due au poids supplémentaire que je transportais et les courtes nuits où je dormais mal épuisaient l’énergie dont j’avais besoin pour le lendemain.
La tension au niveau de mon cou, malgré les ajustements corrects du sac sur mes hanches, devenait insupportable.
Regret
J’ai alors commencé à regretter amèrement d’avoir apporté tout ce matériel « au cas où« , ce qui gâchait le plaisir initial recherché. Tout ce matériel supplémentaire m’avait coûté environ 1000 $ canadiens, et le renvoyer à Montréal aurait été coûteux.
C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que « la liberté et la sécurité ont un poids« .
Souvent, ce que nous transportons est obsolète ou inutile.
Combien d’objets, de souvenirs, de blessures ou de rancœurs traînez-vous dans le sac à dos qui est en permanence sur vos épaules ?
→ Pour d’autres texte sur L’Europe et la France, vous pouvez aller lire:
- Londres – Savoir regarder avec son 3e œil
- Portugal – Ma première expérience sur le chemin de Compostelle
- Londres – Un itinéraire dans l’éphémère
- Londres – Les apparences