Prague – Suivre le tempo
C’était le 28 septembre 2019 à Prague. Lors de mon voyage d’un mois en Europe de l’Est, je me suis retrouvé face à ce Métronome de 25 mètres de haut.
Aujourd’hui, en écrivant ces lignes, je découvre qu’il trône sur le socle d’un ancien monument dédié à la gloire de Staline. Surnommé « La Pendule », il symbolise la fuite inexorable du temps, selon son auteur Vratislav Karel Novák.
Le rythme
Passionné de musique, le rythme et le tempo ont une grande importance pour moi.
La parfaite régularité émanant du métronome peut plonger presque n’importe qui dans un état altéré de conscience, une véritable transe. Pas étonnant que les hypnotiseurs aient utilisé autrefois une pendule pour induire cet état.
Je regarde ma photo et je repense à une vidéo YouTube sur l’ennui que j’ai vue récemment. Une citation du philosophe allemand Arthur Schopenhauer m’avait alors interpellé :
« La vie oscille comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l’ennui : ce sont là les deux éléments dont elle est faite. »
On s’ennuie aussi en voyage
Il est illusoire de croire que l’ailleurs est un feu d’artifice permanent d’émotions passionnantes. Parfois, espérer cela revient à fuir les moments forts de solitude avec soi-même, ce qui soulève des questionnements sur nos propres désirs.
L’ennui peut souvent surgir en voyage. À l’occasion cela peut être frustrant, mais il nous enseigne toujours des leçons importantes sur nous-mêmes, bien au-delà de nos attentes initiales.
Selon moi, un périple réussi est celui où l’on a appris sur soi.
Qui se cache derrière l’objectif (ou devant) ?
Temps-dance
La tendance à tout photographier est devenue un fléau mondial auquel personne n’échappe. La maladie du « selfi » contamine des milliards d’êtres humains. Le terme « égoportrait » révèle tristement cette réalité.
Chacun connaît son meilleur profil et a recours à des astuces pour camoufler ses imperfections. Les filtres ne font que déformer la réalité davantage.
En parcourant le monde, nous cherchons à nous dépayser. Simplement saisir ce qui est devant nous ne suffit plus. Nous avons besoin de le « rehausser » d’une réalité augmentée.
Comment se démarquer parmi des millions de clichés identiques à celui que je m’apprête à prendre ?
Comment rendre mon image unique et différente de celles qu’on retrouve en abondance sur Instagram ?
Mettre son visage en avant-plan est la solution que l’homo sapiens a trouvée pour se différencier. Moi qui rêve d’une vie sans masque, ça me désole de voir qu’on en ajoute des couches.
Pour ma part
Regarder des photos de voyage où la même tête inchangée occupe systématiquement le premier plan m’ennuie profondément. Chaque diapositive frappe mes neurones comme une goutte d’eau monotone, insultant ma capacité d’apprécier pleinement mon environnement.
C’est comme une poussière sur mes lunettes qui m’empêche de voir clairement ce qui m’entoure, mais cette « tache » ne peut être effacée qu’avec Photoshop.
En même temps, le genre de photo que l’on prend est entre autres influencé par le type de voyageur que nous sommes.
Touriste, Voyageur ou Vacancier ?
Toutes les réponses sont valables, et je suis convaincu que nous portons tous en nous ces trois chapeaux. Enfilons celui qui nous correspond le mieux.
- Touriste : Visite des lieux touristiques populaires, suit un itinéraire préétabli, recherche le confort.
- Voyageur : Cherche l’immersion culturelle, aime découvrir des endroits hors des sentiers battus, s’ouvre aux imprévus.
- Vacancier : En congé ou en vacances, cherche à se détendre et se divertir sans nécessairement explorer ou apprendre de nouvelles cultures.
Chaque voyage est unique. Que l’on se considère comme touriste, voyageur ou vacancier, l’essentiel est de vivre des expériences qui nous enrichissent et de trouver notre propre rythme pour profiter pleinement du voyage. Ne laissons pas les clichés et les filtres déformer notre perception du monde, mais gardons les yeux ouverts pour découvrir la véritable beauté qui nous entoure.
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